Les bolides de petites tailles qui viennent percuter un corps planétaire avec atmosphère sont fragmentés lors de leur passage dans l’atmosphère. C’est le cas sur Terre comme l’avait illustré la chute de météorite sur Chelyabinsk en 2013. Mais c’est aussi le cas sur Mars. Pour étudier ces phénomènes sur Mars, Olga Popova (spécialiste des météores terrestres de l’académie des sciences de Russie), Bill Hartmann (père de l’analyse des cratères d’impact dans le système solaire, USA), Sylvain Breton et Cathy Quantin-Nataf se sont retrouvés à Bern dans les locaux de l’ISSI (Institut International de Sciences Spatiales).
Curiosity peut de nouveau forer sur Mars !
La dernière fois que le rover Curiosity avait foré avec succès sur Mars, c’était en octobre 2016, sur une roche nommée Sebina. Le forage suivant, à Precipice, avait échoué en raison d’une anomalie avec le « drill feed », le mécanisme chargé de pousser le foret au fur et à mesure du creusement de la roche. Après de multiples tests et diagnostics, les ingénieurs du JPL avaient dû se rendre à l’évidence : il ne serait pas possible de refaire fonctionner ce mécanisme…
Et pourtant, la foreuse est l’un des outils les plus importants du rover, car elle sert à alimenter deux instruments de bord : CheMin, qui permet de déterminer la minéralogie des échantillons par diffraction des rayons X, et SAM, qui permet de mesurer les « gaz évolués » (c’est-à-dire les gaz qui s’échappent de l’échantillon lorsque celui-ci est chauffé jusqu’à 1000°C) mais aussi de détecter et d’identifier d’éventuelles molécules organiques. Bref, la perte définitive de la foreuse aurait été une très mauvaise nouvelle pour le retour scientifique de la mission.
Les ingénieurs du JPL ont donc travaillé d’arrache-pied pour contourner le problème du drill feed, en s’appuyant notamment sur le « testbed », un jumeau de Curiosity resté ici sur Terre. La solution qu’ils ont trouvée consiste à utiliser directement le bras robotique qui porte la foreuse pour pousser le foret dans la roche (voir cet exemple en vidéo). Cela semble facile sur le papier, mais le bras n’ayant pas été conçu pour cette tâche, il fallait s’assurer qu’il puisse appliquer exactement la force nécessaire, tout en maintenant le foret bien droit pour ne pas le tordre.
Ce week-end, cette solution a été testée sur Mars, sur une roche nommée Duluth, et c’est avec une certaine appréhension que toute l’équipe de la mission, ingénieurs comme scientifiques, attendait le résultat. Lundi matin, un e-mail envoyé par Ashwin Vasavada, le responsable scientifique du projet, a rassuré tout le monde : « Duluth is now a drill hole! », disait l’objet. Curiosity peut de nouveau forer sur Mars, et c’est une excellente nouvelle pour la science martienne !
Le trou creusé par la foreuse de Curiosity sur la roche Duluth. Image Navcam, sol 2057 (20 mai 2018). NASA/JPL-Caltech.
Tempête de « neige » à la surface de Tchouri
A partir des images acquises par le module OSIRIS de la mission Rosetta, récemment mises à disposition par l’Agence Spatiale Européenne, l’utilisateur twitter landru79 a réalisé une animation qui nous donne une vue un peu surréelle de la surface de la comète Tchouri dont la poussière donne l’apparence d’une tempête de neige:
#ROSETTA 😍 OSIRIS #67P/CHURYUMOV-GERASIMENKO new albums 😍–ROSETTA EXTENSION 2 MTP030– Miércoles 1 Junio 2016 all filters stacked pic.twitter.com/Bf173Z5g79
— landru79 (@landru79) April 23, 2018
Les aventures d’e-Planets au LPSC 2018 !
Du 18 au 23 mars se tenait la 49ème édition du Lunar Planetary Science Conference (LPSC) à Houston, Texas. L’équipe e-Planets a répondu présente puisque nous étions 5 à avoir fait le déplacement pour suivre une semaine de d’exposés scientifiques, principalement sur Mars (mais pas que !). Les sujets étaient variés : nous avons pu assister à plusieurs sessions sur la géologie de surface de Mars par les rovers Curiosity et Opportunity, les processus d’impact, les mouvements de terrains et autres gullies. D’autres objets du système solaire ont également été mis en avant : la Lune occupait une place de choix, ainsi que Vénus, Titan, Pluton, les satellites galiléens ou de glace, mais aussi les astéroïdes et les comètes… Une attention toute particulière a été réservée à Cassini, dont la fin de mission a eu lieu le 15 septembre 2017.
L’équipe e-Planets n’est pas restée inactive lors de cette semaine et a largement contribué aux discussions scientifiques, notamment sur les sujets « chauds » de la planétologie. Ainsi, Cathy a parlé en détails du site d’Oxia Planum (C. Quantin-Nataf et al., 2018) lors de sa présentation du mardi matin.
Pas moins de 6 posters ont également été présentés lors des sessions posters du mardi et jeudi soir.
- Cathy a montré ses résultats sur l’activité volcanique de la région de Syrtis( Quantin-Nataf et al., 2018) ;
- Erwin a présenté son étude sur la composition des phases amorphes analysées par Curiosity dans le cratère Gale (Dehouck et al., 2018). Le poster en version électronique (l’e-Poster d’e-Planets en somme) est disponible ici;
- Lu a été la plus prolifique puisqu’elle a présenté deux posters : l’un portait sur l’étude de carbonates choqués après impact via spectroscopie infrarouge ( Pan et al., 2018) ; l’autre portait sur l’étude du site d’atterrissage de la mission InSight (L. Pan and C. Quantin, 2018) en utilisant les images fournies par les orbiteurs martiens ;
- Lucia a présenté ses travaux sur la couche à olivine de la région de Nili Fossae (également sur Mars), site proposé pour l’atterrissage du rover américain Mars 2020 (Mandon et al., 2018) ;
- Cédric a parlé des propriétés thermiques des Recurring Slope Lineae (RSL) dans Valles Marineris (Millot et al., 2018).
Le LPSC a été aussi l’occasion de s’informer sur les futures missions de la NASA, ainsi que du budget alloué pour les années futures. Vous pouvez retrouver l’ensemble de la conférence ici.
Achevons notre tour d’horizon par quelques images avec, entre autres, une fusée Saturn V (les fusées des missions Apollo) de la taille d’un immeuble.
Espérons que les prochaines conférences soient aussi enrichissantes et notre contribution scientifique au moins aussi importante.
Welcome back!
Nous voilà de retour avec une équipe élargie à des thématiques sur la surface de Mars bien sur : depuis l’orbite mais aussi avec les données des rovers martiens. Nous nous élargissons aussi aux autres corps planétaires. Et nous revoilà avec un tout nouveau site web de notre équipe e-Planets!
ENJOY!
Mars fait l’actualité !
Beaucoup d’évènements ont mis Mars à l’honneur cet automne.
On commence avec La Nuit Européenne des Chercheurs le 30 septembre dernier. Y était organisé un « duel astro » entre Florence Porcel, grande vulgarisatrice d’astro et fan de Mars, et Damien Loizeau de notre équipe, le tout animé par Caroline Vilatte de l’Observatoire de Lyon. La discussion, qui tournait donc autour de Mars, est maintenant en vidéo !
Au cours de la même soirée, le site d’information Lyon Capitale posait des questions du public aux chercheurs, voici à quoi l’on pense quand on nous demande « y a-t-il des odeurs dans l’espace ? »
Ensuite, en octobre, Damien a donné un double podcast sur Podcast Science, sur l’histoire de l’exploration martienne, c’est à retrouver ici épisode 271, et là épisode 272. Vous pouvez y retrouver 400 ans d’histoire, des premières observations à la lunettes, aux toutes dernières sondes spatiales.
Et en parlant des dernières sondes spatiales, justement, la semaine dernière arrivait la première partie du programme ExoMars ! TGO s’est mise en orbite et le petit atterrisseur Schiaparelli a tenté un atterrissage, qui a malheureusement râté suite à un cafouillage avec le décrochement du parachute et le fonctionnement des rétro-fusées. Le CNES et la Cité de l’Espace à Toulouse avaient organisé un webcast pour l’évènement, et Damien est allé y parler de la sélection du site d’atterrissage et d’Oxia Planum, pour la 2ème moitié du programme ExoMars, le rover qui doit partir en 2020. Ca se passe à 1h51 dans la vidéo.
Au printemps, le virus martien se répand!
- Le semestre de e-mars aura été marqué entre autres par l’implication de l’équipe aux cycles de conférences de l’université ouverte Lyon 1, avec un cycle entier consacré aux « surfaces planétaires à la loupe ». Tout me monde dans l’équipe a mis la main à la pâte et proposé des présentations variées sur des plans sur la comète, des nouvelles de Pluton et bien sur des robots, de la météo et des cratères sur Mars, notre planète chouchoute!
- On a aussi prêté Damien à la ville de Doix en Vendée, et aux mardi de l’espace du CNES, ou il a abordé des sujets comme « j’ai un robot sur Mars, je le pose où? » et « explorer sans contaminer » (podcast du 24 mai disponible ici).
- Début juin, notre traditionel spring meeting a été riche en science et en crêpes (courtesy of Loic, le breton de l’équipe), et marqué par la présence de plusieurs petits nouveaux stagiaires. Le programme, c’est par là: emarsScientificSpring2016
- Le calendrier de juin a été bien rempli avec les martiens à l’attaque de la ville de Lyon. Le 18 juin e-mars participait en collaboration avec le planétarium de Vaulx-en-Velin, et pour le lancement de FRIPON, a une chasse aux météorites géante organisée dans le parc de Miribel-Jonage. D’ailleurs, c’est notre équipe qui gère la caméra FRIPON sur le toit de notre batiment, et guette les chutes de météores en région Rhones-Alpes. Damien nous a raconté tout ça sur NRJ. (Pour plus d’infos sur FRIPON, c’est par là).
- La « martianisation » de notre ville ne s’est pas arreté là puisque Cathy a briefé le public sur les raisons derrière l’exploration de la planète Mars pendant les journées lyonnaises de la SF2A en donnant une conférence au prestigieux musée des Confluences.
- L’équipe était aussi présente aux portes ouvertes de l’observatoire de Lyon les 25-26 juin où Jessica a proposé de partir a la recherche de la Vie sur Mars le temps d’une conférence, pendant que Cathy et Patrick ont assuré la formation de cratères d’impacts pour le plaisir des plus petits…. et des plus grands!
TGO se porte bien
Alors que la sonde russo-européenne est partie en Mars et doit arriver en orbite martienne en Octobre, ses instruments peuvent être testés. Et nous voilà la première image de Mars de la caméra CASSIS ! C’est une caméra que nous attendont avec impatience, car elle nous fournira des images multispectrales et stéréoscopiques à haute résolution de la planète.
On ne distingue pas encore grand chose, mais on est encore à 41 millions de km de la planète ! Chaque pixel fait 460 km à la surface de Mars. On arrive quand même déjà à distinguer les régions claires recouvertes de poussières, des régions sombres faites de roches volcaniques.
On espère d’autres surprises comme celle-ci d’ici octobre !
e-Mars au LPSC 2016
Une fois n’est pas coutume, l’équipe e-mars a de nouveau assuré le show au LPSC 2016, avec l’organisation d’un workshop utilisateur le mercredi midi mais aussi en ayant tenu pour la première fois un stand MarsSI accessible du lundi au jeudi soir. Les curieux ont pu venir découvrir l’application et poser leurs questions a Loïc, Cathy, Jennifer, Damien, Melissa et Clément (et même collectionner les stickers à l’effigie de notre équipe pour les plus chanceux!).
Coté présentation, Damien et Clément ont présenté leur travaux sur les plateaux et des dikes de Coprates Chasma dans les sesssions orales, alors que Oxia Planum était deux fois à l’honneur coté posters.
Pour retrouver la liste de nos abstracts, c’est par là!
ExoMars TGO en route!
Hier, la sonde TGO (Trace Gaz Orbiter) , première phase du programme européano-russe EXOMARS a décollé avec succès de Baïkonour à 10h30, heure française. Vers 22h, hier soir, TGO déployait avec succès ses panneaux solaires pour entamer sa longue croisière vers Mars pour la plus grande joie de l’équipe e-Mars.
Rendez-vous le 19 octobre pour la mise en orbite de TGO et l’atterrissage de Schiaparelli, le démonstrateur d’atterrissage européen.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site de l’ESA.