Merci, Oppy!

Depuis la tempête de poussière globale de l’été 2018 (voir la note e-planets à ce sujet), le contact avait été perdu avec le rover Opportunity. La NASA a annoncé avec regret hier qu’elle considérait sa petite astromobile perdue.

Opportunity, de son véritable nom MER-B, mais surnommé Opportunity ou « Oppy », était arrivé sur Mars en 2004, 21 jours après son jumeau Spirit. Sa mission était initialement prévue à 3 mois, mais Oppy nous a envoyé ses photos, observations, mesures pendant près de 15 ans.

Vue d’artiste des modules MER

Quelques uns des découvertes et moments mémorables d’Opportunity:

  • Découverte de petite hématites sphériques, minéraux qui se forment en la présence d’eau, prouvant que Mars avait du avoir une quantité d’eau considérable dans le passé [lien]
  • Parcours d’une distance marathonienne (plus de 45km!), observant pendant son trajet des micro-tornades à la surface [lien]
  • Traversé du purgatoire, une dune couverte de plus de 10cm de poussières [lien]
  • Vues de magnifiques levers et couchers de soleils [lien]
  • Observation des rares nuages martiens [lien]

Opportunity était alimenté par les panneaux solaires sur son dos, qui ont du être recouverts de poussière durant la tempête de l’été 2018. Pendant 6 mois, l’équipe opérant le robot a essayé de rétablir le contact.

Cette mission reste un succès, dont les résultats et la réussite ont pavé la voie pour la mission NASA/JPL suivante, Curiosity, qui est encore en cours. En 2020, deux autres robots faire passer la population robotique active de Mars à 3 : la mission NASA/JPL Mars2020 visant le cratère de Jezero et la mission ESA/Roscosmos visant la plaine d’Oxia Planum.

Où poser Mars 2020 ?

La NASA a déjà engagé les discussions pour le site d’atterrissage de son prochain rover martien Mars 2020.

La mission dispose du même système d’atterrissage que pour Curiosity, et donc beaucoup d’endroits sont encore accessibles sur Mars. Les contraintes sont les suivantes (site du JPL) :

  • sous les 500 m d’altitude
  • entre 30°S et 30°N de latitude
  • une ellipse de 20 km par 25 km mais qui pourrait être plus petite si l’équipe du projet demande que les ingénieurs développent la technologie (ce sera plus cher aussi  !)
  • et comme d’habitude, un endroit assez plat, avec pas trop de rochers à la surface, et pas trop de poussière non plus

Une réunion était organisée près de Washington DC en mai dernier pour discuter des sites envisagés. Plus de 30 sites ont été présentés au cours de la réunion, et E-Mars en a présenté pas moins de 4, devant un auditoire d’une centaine de scientifiques et quelques journalistes, et un « webitoire » d’une trentaine de personnes.

Les zones noircies sont trop hautes en altitude, les zones blanchies sont trop hautes ou basses en latitude. Les pastilles montrent les sites présentés à la réunion. [Grant & Golombeck, Mars 2020 landing site selection workshop, May 2014]
On retrouve des sites déjà étudiés ou présentés par E-Mars : Mawrth Vallis, Oyama Crater, Oxia Planum, Coprates Chasma.

Le but de la réunion était aussi de déterminer quels sites auraient la priorité pour obtenir de nouvelles données orbitales.

Suite de la sélection, juin 2015 !

Un rover de plus de la NASA vers Mars en 2020 !

Alors que Curiosity continue sa mission à la surface de Mars, et que tout a l’air de fonctionner parfaitement, les agences spatiales préparent les futures missions à la surface de Mars. Et à partir de 2016, la cadence sera soutenue :

  • 2016 : La NASA va lancer InSight, une plate-forme au sol (lander) du même type que Phoenix, qui va délivrer notamment un sismomètre et une sonde qui mesurera le flux de chaleur dans la croûte martienne.
  • 2018 : L’ESA prépare un rover dans la mission ExoMars, en collaboration avec la Russie, qui devrait être lancé en 2018. Les ministres des pays membres de l’ESA se sont réunis le mois dernier, et ils ont confirmé la préparation de la mission.
  • 2020 : Et la grande nouvelle, c’est que la NASA vient d’annoncer hier 4 décembre, qu’ils vont étudier un nouveau rover pour un lancement en 2020 ! Basé sur la même architecture que Curiosity, il pourrait préparer des échantillons pour un retour de roches martiennes vers la Terre par la suite.

C’est donc toujours plus de travail pour l’équipe e-Mars pour proposer et aider à sélectionner les meilleurs sites d’atterrissage pour ces missions, selon leurs objectifs respectifs.

Un modèle du rover ExoMars
Crédit: ESA

Budget 2013 de la NASA

L’annonce officielle de la NASA concernant son budget pour l’année fiscale 2013 a eu lieu lundi soir. Il s’agit pour l’instant du « FY 2013 President’s Budget Request », c’est-à-dire que ce budget prévisionnel n’a pas encore été voté par le Congrès. Je ne connais pas suffisamment le système américain pour avoir une idée précise des modifications qui peuvent encore être apportées pendant la phase de lobbying. Néanmoins, cette première version reflète déjà l’orientation des coupes budgétaires au sein de l’institution américaine. Vous pouvez retrouver l’ensemble des informations et documents cités dans ce billet directement sur le site de la NASA (et notamment le détail pour les sciences planétaires).

La première chose que l’on constate c’est que le budget globale de la NASA diminue relativement peu (de 17,77 M$ en 2012 à 17,71 M$ en 2013), la section « Science » subissant une diminution de -3,2% (le document complet ici, extrait ci-dessous).

La section « Planetary Science », celle qui englobe les aspects liés à l’exploration martienne, subit quant à elle une diminution de -20,59%. Mais toutes les thématiques ne sont pas logées à la même enseigne! Ainsi, la section « Planetary Science Research » (qui inclut entre autres de la R&D appliquée théorique et instrumentale pour les futures missions, des aspects d’éducation, l’observation des objets proches de la Terre, la gestion des collections de météorites ou la maintenance de système tel que le PDS) voit même son budget augmenter.

Néanmoins, on notera deux diminutions drastiques (voir le tableau ci-dessous) : la section « Lunar Quest Program » qui passe de 139,9 M$ à 61,5 M$ de budget (dont -74% dans la section « Lunar Science »!) et la section « Mars Exploration » qui perd 226 M$ soit une réduction de 38,5%.

Si nous regardons dans le détail (voir le tableau ci-dessous), c’est la section « Other Missions and Data Analysis » qui concerne directement l’équipe e-Mars. Cette section passe de 341,4 M$ à 214.4 M$, soit une baisse de 37,2%.

Pour la mission MSL, la diminution de budget est directement liée à la fin des phases de construction et de lancement du rover. Par contre, tous les financements spécifiques des autres missions en cours autour ou sur Mars se terminent (ce qui représente 70,3 M$ en cumulé pour les missions Mars Odyssey, Mars Exploration Rover, Mars Express et Mars Reconnaissance Orbiter). Le budget de 53,7 M$ alloué à la section « Mars Extended Operations » et permettant de financer les extensions de mission, ne pourra donc pas à lui seul maintenir l’ensemble des programmes actuellement en cours! Qui va disparaître? Mars Odyssey? Opportunity?

Dans ce tableau, on notera également une diminution du budget alloué au traitement et à l’analyse des données spatiales déjà acquises (« Mars Research and Analysis » passe de 19 M$ à 15,2 M$, soit une baisse de 20%). Seule note positive, le budget « Mars Next Decade », qui finance la planification de futures missions, se voit augmenter de 4,3 M$ à 62M$!

Pour finir ce billet, on peut clairement voir le désengagement de la NASA de la mission ExoMars et de la planification des missions suivantes, notamment Mars 2018. Gageons que les autres agences spatiales prendront le relais!