La carte géologique d’Oxia Planum est publiée!

En 2018, la plaine d’Oxia Planum, dans la région d’Oxia, était sélectionnée comme site d’atterrissage de la mission d’investigation du rover « Rosalind Franklin »/Exomars (ESA). Cette mission d’exobiologie hors normes a un lancement prévu pour 2028.

Vue synthétique d’Oxia Planum à partir des données d’imagerie satéllite (CTX, HRSC)

Une des étapes suivantes de la missions était l’organisation par l’ESA d’un groupe de travail pour la création d’une carte de la géologie à haute résolution. Si les études de sélection de sites avait montré l’intérêt de la région, il s’agit désormais d’avoir une connaissance approfondie des types de sols présentés afin que, une fois arrivé, le rover Rosalind Franklin puisse être guidé vers les zones d’intérêt les plus proches (et les plus sûres).

C’était la mission du groupe « Macro » de l’équipe scientifique d’Exomars. Matthieu Volat (Observatoire de Lyon) a pu faire profiter de son expérience et du système MarsSI pour fournir des modèles 3D de terrain et de l’imagerie rectifiée sur la base des caméras CTX et HiRISE de la mission satellite NASA MRO. Ces données ont été également complétée par des détections minérales issues des instruments OMEGA (mission Mars Express de l’ESA) et CRISM (MRO) issues du travail de Cathy Quantin-Nataf, Lu Pan, Lucia Mandon (LGLTPE durant ces travaux) et John Carter (IAS durant ces travaux), ainsi que de données CASSIS (mission ESA TGO) fournies par l’équipe CASSIS elle-même. Ces données collectées ont alimenté le système de données ESA MMGIS et ont permis la réalisation d’une analyse collaborative : plus de 100 chercheurs volontaires ont parcouru la zone atterrissage durant l’été 2020 pour en annoter les caractéristiques.

Données d’élévation issues de CTX et HiRISE fournies par le groupe e-Planets dans le système de cartographie MMGIS de l’ESA pour la mission ExoMars.

La dernière étape n’était pas la moindre : regrouper, parfois arbitrer et réconcilier le travail du groupe de cartographie. Cette tâche a été confiée à Peter Fawdon (Open University, UK) et Csillia Orgel (ESA) dont la carte finale de géologie d’Oxia Planum a été publiée dans le volume 20 de la revue « Journal of Maps » (https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/17445647.2024.2302361).

Carte des unités géologiques du site atterrissage ExoMars, Fawdon et al 2024

Cette cartographie synthétise l’état d’analyse de la zone d’investigations potentielle prévue pour le rover Rosalind Fanklin, telles que les données orbitales nous le permettent. Mais il s’agit également d’une occasion d’avoir les attentions de nombreux experts sur une zone spécifique, permettant de confronter et confirmer les méthodes et analyses de la surface martienne.

Il ne s’agit néanmoins pas de la fin des analyses de données orbitales de cette zones, car d’autres types de données (par exemple radar) ou méthodes d’analyses seront certainement utilisées d’ici le lancement de la mission!

Liens

Mars fait l’actualité !

Beaucoup d’évènements ont mis Mars à l’honneur cet automne.

On commence avec La Nuit Européenne des Chercheurs le 30 septembre dernier. Y était organisé un « duel astro » entre Florence Porcel, grande vulgarisatrice d’astro et fan de Mars, et Damien Loizeau de notre équipe, le tout animé par Caroline Vilatte de l’Observatoire de Lyon. La discussion, qui tournait donc autour de Mars, est maintenant en vidéo !

Duel Astro, Florence Porcel vs. Damien Loizeau

Au cours de la même soirée, le site d’information Lyon Capitale posait des questions du public aux chercheurs, voici à quoi l’on pense quand on nous demande « y a-t-il des odeurs dans l’espace ? »

Ensuite, en octobre, Damien a donné un double podcast sur Podcast Science, sur l’histoire de l’exploration martienne, c’est à retrouver ici épisode 271, et  épisode 272. Vous pouvez y retrouver 400 ans d’histoire, des premières observations à la lunettes, aux toutes dernières sondes spatiales.

Et en parlant des dernières sondes spatiales, justement, la semaine dernière arrivait la première partie du programme ExoMars ! TGO s’est mise en orbite et le petit atterrisseur Schiaparelli a tenté un atterrissage, qui a malheureusement râté suite à un cafouillage avec le décrochement du parachute et le fonctionnement des rétro-fusées. Le CNES et la Cité de l’Espace à Toulouse avaient organisé un webcast pour l’évènement, et Damien est allé y parler de la sélection du site d’atterrissage et d’Oxia Planum, pour la 2ème moitié du programme ExoMars, le rover qui doit partir en 2020. Ca se passe à 1h51 dans la vidéo. 

Arrivée de TGO, Cité de l’Espace-CNES

Où poser Mars 2020 ?

La NASA a déjà engagé les discussions pour le site d’atterrissage de son prochain rover martien Mars 2020.

La mission dispose du même système d’atterrissage que pour Curiosity, et donc beaucoup d’endroits sont encore accessibles sur Mars. Les contraintes sont les suivantes (site du JPL) :

  • sous les 500 m d’altitude
  • entre 30°S et 30°N de latitude
  • une ellipse de 20 km par 25 km mais qui pourrait être plus petite si l’équipe du projet demande que les ingénieurs développent la technologie (ce sera plus cher aussi  !)
  • et comme d’habitude, un endroit assez plat, avec pas trop de rochers à la surface, et pas trop de poussière non plus

Une réunion était organisée près de Washington DC en mai dernier pour discuter des sites envisagés. Plus de 30 sites ont été présentés au cours de la réunion, et E-Mars en a présenté pas moins de 4, devant un auditoire d’une centaine de scientifiques et quelques journalistes, et un « webitoire » d’une trentaine de personnes.

Les zones noircies sont trop hautes en altitude, les zones blanchies sont trop hautes ou basses en latitude. Les pastilles montrent les sites présentés à la réunion. [Grant & Golombeck, Mars 2020 landing site selection workshop, May 2014]
On retrouve des sites déjà étudiés ou présentés par E-Mars : Mawrth Vallis, Oyama Crater, Oxia Planum, Coprates Chasma.

Le but de la réunion était aussi de déterminer quels sites auraient la priorité pour obtenir de nouvelles données orbitales.

Suite de la sélection, juin 2015 !

Un rover de plus de la NASA vers Mars en 2020 !

Alors que Curiosity continue sa mission à la surface de Mars, et que tout a l’air de fonctionner parfaitement, les agences spatiales préparent les futures missions à la surface de Mars. Et à partir de 2016, la cadence sera soutenue :

  • 2016 : La NASA va lancer InSight, une plate-forme au sol (lander) du même type que Phoenix, qui va délivrer notamment un sismomètre et une sonde qui mesurera le flux de chaleur dans la croûte martienne.
  • 2018 : L’ESA prépare un rover dans la mission ExoMars, en collaboration avec la Russie, qui devrait être lancé en 2018. Les ministres des pays membres de l’ESA se sont réunis le mois dernier, et ils ont confirmé la préparation de la mission.
  • 2020 : Et la grande nouvelle, c’est que la NASA vient d’annoncer hier 4 décembre, qu’ils vont étudier un nouveau rover pour un lancement en 2020 ! Basé sur la même architecture que Curiosity, il pourrait préparer des échantillons pour un retour de roches martiennes vers la Terre par la suite.

C’est donc toujours plus de travail pour l’équipe e-Mars pour proposer et aider à sélectionner les meilleurs sites d’atterrissage pour ces missions, selon leurs objectifs respectifs.

Un modèle du rover ExoMars
Crédit: ESA

Curiosity est sur Mars!

Et voilà, c’est fait! Curiosity est sur Mars…

Après un peu plus de 8 mois de voyage, le rover Curiosity s’est donc posé sans encombre à la surface de la planète rouge. Bravo à tous les ingénieurs qui ont travaillé sur ce système d’atterrissage! Nous avons été nombreux à suivre la phase finale en direct, les plus chanceux depuis la « Control Room » au JPL, les autres -comme moi- sur la NASA TV.

Je suis persuadé que de nombreux blogs/médias raconteront ces « 7 minutes de terreur » bien mieux que moi (j’attends en particulier le compte rendu d’Emily Lakdawalla [Edit : le lien direct vers le billet])! Je ne vais donc pas m’étendre là-dessus autrement que par les deux vignettes ci-dessous : ce sont les premières images (tailles réelles) envoyées par la sonde. En cliquant dessus, vous obtiendrez les images « grand format » obtenues quelques minutes plus tard.

L’ensemble des images réalisées par MSL pourra être téléchargé sur le site de la NASA (images brutes) ou sur le catalogue du JPL.

Continuer la lecture de « Curiosity est sur Mars! »

Et un résumé de plus pour e-Mars!

C’est légèrement en avance que le résumé de l’équipe e-Mars pour la 3rd International Conference on Early Mars a été soumis. Ce résumé s’intitule Noachian crust composition and early alteration processes in the vicinity of Valles Marineris as seen from the central peaks of impact craters.

Le but est ici de replacer les conditions de cristallisation de la croûte et son altération dans le contexte général de la planète Mars à l’état primitif. Ces informations apportent également des contraintes sur les conditions dans lesquels une vie primitive aurait pu émerger durant le premier milliard d’année. Concrètement, ce résumé s’appuie à la fois sur les résultats qui seront présentés à la LPSC et sur ceux qui ont été présentés lors du 1st Landing Site Workshop.

Proposed 2018 joined NASA and ESA rover mission: first landing site workshop

Mercredi 29 fevrier dernier se tenait à Washington D.C le premier workshop sur les sites d’atterrissage pour une mission commune ESA/NASA en 2018. C’est dans un climat plutôt morose que s’est tenue cette réunion qui suivait une réunion du MEPAG qui avait discuté des sévères coupes budgétaires que va subir l’exploration spatiale américaine les prochaines années. Notamment, la NASA et son expertise d’atterrissage de rover…se retire de la mission 2018.

Dans ce contexte, l’objectif de cette réunion était de proposer des sites d’atterrissage pertinents pour une variété de mission et d’objectifs depuis l’exobiologie jusqu’au retour d’échantillons. La réunion a donnée lieu à des échanges scientifiques très pertinents et les résultats les plus récents de l’étude de la surface de Mars ont pu y être présentés. Vous pouvez retrouver toutes les présentations de la journée ici.  e-Mars y défendait 2 sites d’atterrissage qui étaient proposés pour la première fois. De ce fait, ils n’ont jusqu’à présent quasiment pas été ciblés par les sondes en orbite autour de Mars.

Finalement cette réunion s’est clôturée par un classement des sites proposés par ordre de priorité pour l’acquisition de nouvelles données par les sondes orbitales. Les deux sites défendus par e-Mars se sont retrouvés en haut du classement. Cela signifie que nous allons avoir beaucoup de données à analyser dans les mois futurs sur ces deux sites d’atterrissage !

Landing Site Workshop

L’équipe e-Mars avait soumis début décembre deux résumés pour le 1st Landing Site Workshop: Possible Joint Rover 2018 Landing Sites. Vous pouvez retrouver le billet correspondant ici et les deux résumés la.

Hier, le programme de la journée de workshop a été mis en ligne. Cet atelier, qui se déroulera à côté de Washington le 29 février, a pour objectif de commencer l’identification de sites d’atterrissage potentiels pour une future mission de rover martien (probablement une mission de retour d’échantillons). Les sites qui seront présentés peuvent être issus du processus de sélection de la mission MSL ou bien être totalement nouveaux (c’est le cas d’un des sites présentés par l’équipe e-Mars!). A la fin de l’atelier, une liste des sites prioritaires devrait émerger. Cette liste pourra servir de base pour la planification de nouvelles observations par les instruments orbitaux (CRISM et HiRISE par exemple) et les futures discussions.

Le workshop se déroulera donc le 29 février, juste après le 2nd international meeting of MEPAG. Comme Cathy sera à Washington, elle assistera seule à cette journée et fera les deux présentations! Harold n’ira défendre les couleurs d’e-Mars qu’à la LPSC. D’après les organisateurs, les données du workshop devraient être accessibles via Webex.